Poème de Noël DEFFONTAINES

Le village et la bataille de Bouvines ont inspiré bien des personnes, parfois éloignées géographiquement de la région lilloise, mais parfois très proches : ici un Pévèlois de vieille roche, dont la famille est issue des Deffontaines de la Cense de la Courte, nous transmet sous une forme littéraire son amour pour l’histoire et pour ses racines familiales…

Extrait du recueil Au fil du temps (éd. Atelier Pour Ainsi Dire, septembre 2012)

 1214 – Bouvines éternelle – 2014

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Caressée par la Marque aux vertes frondaisons,

Et qui coule, alanguie, au calme du marais,

Face à la plaine immense, qui n’a point d’horizon,

Bouvines, la modeste, est un site sacré.

 

Son terroir infini où s’écrivit l’histoire,

Est encore préservé de l’érosion du temps.

Seules, une voie romaine, une croix de mémoire,

Et la « Chapelle aux arbres », sont les traces d’antan.

 

Sa fière et blanche église, dressée sur son coteau,

Semble être la vigie des risques de l’oubli.

En hommage au passé, ses sublimes vitraux,

Témoignent à jamais du combat sans merci.

 

Flamboyant au soleil, ses ogives de pierre,

Retracent en œuvre d’art les drames du combat

Comme idéalisés. Mosaïques-lumière,

Qui ne peuvent occulter la douleur des soldats.

 

 

Dans cette frénésie, de luttes en mêlées

Le creuset de la haine s’exprime en hurlements,

Hennissements de mort des chevaux éventrés,

Piétinant les cadavres et les agonisants.

 

Que ce soit la piétaille ou les gens cuirassés,

Ou l’ardente noblesse, hobereaux ou seigneurs,

Qu’ils soient des mercenaires ou réquisitionnés,

Ils sont tous les héros d’un acte fondateur.

 

Ce jour de canicule, couronné de victoire,

Fut fêté en fanfare, par un grand défilé,

Comme un air de triomphe, une page de gloire.

Et les milliers de morts furent vite oubliés !

 

Ainsi cette hécatombe et tous les sacrifiés,

Pour des desseins obscurs, ambitions de titans,

Pour une apothéose, furent le prix à payer.

Et l’histoire en a fait un aboutissement !

 

Et huit siècles ont coulé dans le gouffre du temps,

Comme ont coulé depuis, et les larmes et le sang,

Au rythme des canons, des envahissements,

Qui sont venus flétrir la frêle paix des champs.

 

Le site de Bouvines, son authenticité,

L’émotion qui surgit à ces évocations,

Resteront un symbole, centre de gravité,

Et prise de conscience pour toutes les nations.

 

Si la France y est née, depuis elle a grandi,

Et connu des épreuves. Qu’elle trouve à jamais,

Dans ce petit hameau, ce lieu de tragédie,

Pour elle et pour le monde, un grand espoir de Paix.

Noël Deffontaines (avril 2010)